La répartition des tâches parentales entre hommes et femmes en France met en lumière une inégalité de genre persistante. Les femmes, en particulier, semblent payer un lourd tribut en termes de carrière lorsqu’il s’agit de prendre soin des enfants.
Le sacrifice professionnel féminin
En 2018, 96 % des personnes ayant arrêté de travailler pour s’occuper d’un enfant étaient des femmes. Cette tendance s’intensifie avec le nombre d’enfants. En 2020, le pourcentage de mères “inactives” passait de 12% sans enfant à 52% avec plus de trois enfants. Par contre, le taux “d’inactivité” des pères, lui, tend à diminuer après la naissance d’un enfant.
Au sein d’un couple hétérosexuel, lorsqu’il s’agit de décider qui s’occupera des enfants, les mères sont davantage poussées à arrêter de travailler. Cette situation s’explique en partie par le fait qu’en 2021, le salaire des femmes était de 15,4% inférieur à celui des hommes. Ainsi, “sacrifier un emploi féminin coûte moins cher que sacrifier un emploi masculin”.
Les conséquences sur la vie professionnelle des femmes
Même lorsqu’elles continuent à travailler après avoir eu des enfants, les femmes sont plus susceptibles de réduire leur temps de travail. Selon l’Insee, 30% des mères travaillent à temps partiel, contre seulement 4,8% des pères.
Au-delà de l’impact sur leur carrière et leurs revenus, les femmes qui arrêtent de travailler ou réduisent leur temps de travail pour s’occuper de leurs enfants subissent aussi des conséquences à long terme. En effet, ces femmes touchent une retraite en moyenne de 28% inférieure à celle des hommes.
Les chiffres et les témoignages ne laissent aucun doute : en France, la charge mentale liée aux enfants pèse de manière disproportionnée sur les femmes. Cette inégalité de genre, bien qu’ancrée, doit être remise en question pour tendre vers une réelle égalité entre les sexes.
Le poids invisible de la maternité sur la carrière des femmes
L’inégalité de genre dans la prise en charge des enfants n’est pas seulement une question de choix. Elle est aussi le reflet de stéréotypes de genre profondément ancrés et de contraintes socioéconomiques. Les femmes sont souvent contraintes de choisir entre leur carrière et leur famille, un dilemme rarement rencontré par les hommes.
Malgré l’évolution des mentalités, les attentes traditionnelles que les femmes s’occupent des enfants et des tâches domestiques persistent. Selon les statistiques, les mères à temps plein font plus de sept heures de travaux ménagers par semaine de plus que les pères. Ces stéréotypes de genre maintiennent une pression sur les femmes pour qu’elles assument une plus grande part des responsabilités familiales, même si cela signifie sacrifier leur carrière.
L’impact du milieu socioprofessionnel
L’emploi des femmes dépend aussi de leur milieu socioprofessionnel. 77 % des ouvrières avec des responsabilités familiales sont en emploi, contre 93 % des femmes cadres. Cela suggère que le soutien nécessaire pour concilier travail et famille n’est pas toujours disponible, en particulier pour les femmes de milieux socioéconomiques défavorisés.
Les inégalités de genre dans la prise en charge des enfants ne sont pas une fatalité. Elles sont le produit de structures sociales et économiques qui peuvent être modifiées. Pour y parvenir, il est nécessaire d’adopter des politiques favorisant un partage équitable des responsabilités familiales entre les hommes et les femmes.
