L’anémie de grossesse est une complication fréquente qui touche 10 à 20% des femmes enceintes, surtout au troisième trimestre. Elle est due le plus souvent à une carence en fer liée à l’augmentation des besoins pendant la grossesse. Quels sont les moyens de prévenir et de traiter l’anémie gravidique pour vivre sereinement sa grossesse ?
Surveiller son taux d’hémoglobine régulièrement
Surveillez régulièrement votre taux d’hémoglobine pendant la grossesse pour détecter rapidement une éventuelle anémie et la traiter de manière appropriée. Votre gynécologue vous prescrira une numération de la formule sanguine (NFS) dès le début de votre suivi de grossesse. Cet examen permet de dépister une anémie et d’en évaluer la sévérité.
La NFS sera ensuite répétée à chaque trimestre, voire plus fréquemment si nécessaire. Les seuils d’anémie varient en fonction du stade de la grossesse : on parle d’anémie si l’hémoglobine est inférieure à 11g/dL au 1er et 3ème trimestre, et en dessous de 10,5g/dL au 2ème trimestre. Un suivi régulier permettra d’adapter la prise en charge en cas de besoin. Par exemple, si votre taux d’hémoglobine est de 10,2 g/dL à 26 semaines d’aménorrhée, votre médecin pourra vous prescrire une supplémentation en fer adaptée.
Être vigilante aux symptômes comme la fatigue, la pâleur, l’essoufflement
En plus des examens biologiques, soyez attentive aux signes cliniques pouvant évoquer une anémie. Une fatigue, une pâleur, un essoufflement à l’effort doivent vous alerter. D’autres symptômes comme des palpitations, des vertiges ou une irritabilité peuvent également être présents.
Si vous ressentez ces symptômes, n’hésitez pas à consulter rapidement votre médecin pour un dépistage de l’anémie. Une prise en charge précoce est importante pour éviter les complications pour vous et votre bébé. La fatigue est souvent le premier signe d’appel, ne la négligez pas même si elle est fréquente chez la femme enceinte. Dites-vous par exemple que si vous peinez à effectuer des tâches du quotidien comme faire les courses ou le ménage sans vous sentir épuisée, il est temps d’en parler à votre gynécologue.
10 à 20 % des femmes développent une anémie pendant le troisième trimestre de leur grossesse.
Avoir une alimentation riche en fer, folates et vitamine B12
Pour prévenir l’anémie par carence, adoptez une alimentation enceinte équilibrée et variée, riche en fer, acide folique (vitamine B9) et vitamine B12. Les besoins en fer augmentent pendant la grossesse pour permettre la croissance du fœtus et du placenta. Privilégiez donc les aliments riches en fer biodisponible comme la viande rouge, le poisson et les abats.
Les végétaux contiennent également du fer, en particulier les légumes verts (épinards, brocolis…) et les légumineuses (lentilles, haricots secs…). Même si ce fer est moins bien absorbé, ces aliments apportent aussi des folates et des fibres bénéfiques. Veillez à avoir des apports suffisants et réguliers, tout en respectant vos envies et votre appétit de femme enceinte. Vous pouvez par exemple prévoir des repas complets avec une portion de viande ou poisson, accompagnée de légumes verts et de féculents pour optimiser votre statut en fer.
Associer fer et vitamine C pour une meilleure absorption
Pour optimiser l’assimilation du fer présent dans votre alimentation, il existe quelques astuces. La vitamine C est connue pour améliorer l’absorption intestinale du fer, en particulier celui d’origine végétale. Pensez donc à associer une source de vitamine C (agrumes, kiwi, poivron, persil…) à vos repas riches en fer.
À l’inverse, certaines boissons comme le thé ou le café peuvent ralentir l’absorption du fer s’ils sont consommés pendant les repas. Préférez donc l’eau ou un jus de fruits frais pressés pour accompagner vos déjeuners et dîners. Ces petits réflexes alimentaires vous aideront à couvrir vos besoins en fer de manière naturelle et efficace. Concrètement, vous pouvez boire un verre de jus d’orange pressé au petit-déjeuner, ajouter du persil dans vos salades le midi et croquer une clémentine au goûter pour booster votre apport en vitamine C.
Prendre une supplémentation en fer et acide folique
Même avec une alimentation adaptée, il est souvent nécessaire de compléter les apports par une supplémentation médicamenteuse pendant la grossesse. Le fer est l’élément le plus important, car 95% des anémies de la femme enceinte sont dues à une carence martiale. Votre médecin vous prescrira du fer par voie orale, le plus souvent sous forme de sulfate ferreux dosé à 325mg par jour.
Cette dose permet de couvrir les besoins de la grossesse et doit être prise de manière régulière, idéalement le matin à jeun avec un verre de jus d’orange pour favoriser son absorption. Soyez patiente car il faut quelques semaines de traitement pour corriger l’anémie. La supplémentation est surtout indispensable au 3ème trimestre où les réserves maternelles sont mises à rude épreuve. Programmer une alarme sur votre téléphone peut vous aider à ne pas oublier votre prise quotidienne de fer.
De l’acide folique à 0,4-0,8mg/j voire 4mg si antécédent
L’acide folique (vitamine B9) est un autre nutriment de la grossesse. Il est recommandé de le supplémenter dès le désir de conception pour prévenir les anomalies du tube neural comme le spina bifida chez l’enfant. Les doses habituelles sont de 0,4 à 0,8mg par jour.
En cas d’antécédent familial de malformation, les doses peuvent être portées à 4mg/j selon l’avis de votre obstétricien. L’acide folique intervient aussi dans la synthèse des globules rouges et une carence peut entraîner une anémie spécifique appelée anémie macrocytaire. D’où l’intérêt d’associer fer et folates dans la prévention de l’anémie gravidique. N’hésitez pas à demander à votre pharmacien des compléments alimentaires adaptés alliant ces deux nutriments.
“Il est recommandé de prendre du fer en prévention pendant la grossesse surtout au troisième trimestre. Cela permettra d’avoir un niveau d’hémoglobine suffisant avant l’accouchement où l’on peut perdre beaucoup de sang pour éviter d’avoir recours à la transfusion de sang.” Dr Lauren Sebbag, sur l’intérêt d’une supplémentation préventive.
Planifier ses grossesses et reconstituer ses réserves
La survenue d’une anémie pendant la grossesse est favorisée par certains facteurs comme les grossesses multiples ou trop rapprochées. En effet, chaque grossesse puise dans les réserves maternelles en fer et en vitamines. Si une nouvelle conception survient sans laisser le temps à l’organisme de reconstituer ses stocks, le risque d’anémie est majoré.
Il est donc conseillé de planifier ses grossesses en les espaçant d’au moins 18 mois à 2 ans. Cette durée permet au corps de refaire ses réserves et d’aborder une nouvelle grossesse dans de bonnes conditions. Parlez-en à votre gynécologue pour déterminer le délai optimal en fonction de votre situation. Vous pouvez par exemple opter pour une contraception efficace pendant cette période de récupération afin d’éviter une grossesse non désirée.
Profiter du post-partum pour refaire le plein en fer et vitamines
La période qui suit l’accouchement est propice pour reconstituer ses réserves en nutriments. Profitez donc de l’alimentation en post-partum pour consommer des aliments riches en fer et en vitamines, en suivant les conseils de votre médecin. Continuez éventuellement la supplémentation prescrite pendant quelques semaines après la naissance.
L’allaitement maternel est bénéfique car il stimule l’absorption intestinale du fer chez la mère. Veillez aussi à votre récupération et à votre repos, votre organisme mobilise beaucoup d’énergie pour retrouver son équilibre après la grossesse. Une alimentation saine et équilibrée, associée à un suivi médical régulier, vous aidera à aborder une future grossesse sereinement. Priorisez les aliments riches en fer comme la viande, le poisson, les légumineuses ainsi que les fruits et légumes riches en vitamine C lors de cette période clé.
Aliments riches en fer | Aliments riches en vitamine C |
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Viande rouge, abats | Agrumes (orange, citron…) |
Poisson, fruits de mer | Kiwi, fraises, litchis |
Légumes verts, céréales | Poivrons, brocolis, épinards |
Légumineuses, fruits secs | Persil, cresson, pomme de terre |
Envisager une perfusion de fer ou une transfusion si besoin
Dans certains cas d’anémie sévère, une supplémentation par voie intraveineuse peut être nécessaire. C’est le cas si l’anémie est mal tolérée avec des symptômes importants comme une dyspnée, une asthénie ou des vertiges. Ces perfusions de fer permettent de corriger rapidement la carence et de soulager les symptômes.
Une anémie profonde peut aussi compliquer le déroulement de la grossesse et de l’accouchement. Elle majore les risques d’accouchement prématuré, d’hémorragie de la délivrance ou d’infection. Dans ces situations à risque, le gynécologue-obstétricien peut être amené à proposer des transfusions de concentrés globulaires pour rétablir un taux d’hémoglobine satisfaisant. Si votre taux d’hémoglobine chute en dessous de 8g/dL en fin de grossesse, une prise en charge en milieu hospitalier avec perfusion de fer ou transfusion peut être discutée.
Se préparer à l’éventualité d’une transfusion à l’accouchement
Si vous présentez une anémie sévère en fin de grossesse, préparez-vous à la possibilité d’une transfusion pendant l’accouchement. Cela ne veut pas dire qu’elle sera systématique, mais il vaut mieux l’anticiper. Votre obstétricien évaluera la nécessité d’une transfusion en fonction de votre taux d’hémoglobine, de votre tolérance et des risques potentiels.
Certaines patientes comme les témoins de Jéhovah peuvent refuser les transfusions sanguines pour des raisons religieuses. Discutez-en avec l’équipe médicale pour envisager des alternatives comme l’érythropoïétine (EPO) ou le fer intraveineux. L’important est de se sentir en confiance et écoutée pour vivre sereinement son accouchement. Parlez ouvertement de vos craintes et de vos souhaits avec votre gynécologue et les sages-femmes qui vous entourent.
Une transfusion thérapeutique est indiquée dans les cas suivants: Anémie symptomatique, Insuffisance cardiaque, Infection bactérienne grave, Complications graves du travail et de l’accouchement (hémorragie, sepsis).
Informer son entourage et lever le pied
L’anémie de grossesse n’est pas une maladie anodine et il est souvent nécessaire d’en parler avec ses proches. Expliquez à votre conjoint et à votre famille ce qu’est l’anémie, ses causes et ses conséquences possibles. Ils seront plus à même de comprendre votre fatigue, vos besoins et de vous soutenir au quotidien.
N’hésitez pas à les impliquer dans la gestion de votre anémie, que ce soit pour adapter les menus, vous accompagner aux examens médicaux ou simplement être une oreille attentive. Le soutien moral est précieux pour mieux vivre cette période parfois éprouvante. De plus, l’anémie peut être liée à des facteurs génétiques, discutez-en pour connaître les antécédents familiaux. Vous pouvez par exemple organiser un repas de famille pour aborder le sujet et répondre à leurs questions de manière claire et rassurante.
Adapter son activité à sa tolérance et écouter son corps
L’anémie de grossesse peut retentir sur votre qualité de vie et votre capacité à assurer vos activités habituelles. Il est primordial d’écouter votre corps et d’adapter votre rythme en fonction de votre tolérance. Reposez-vous dès que possible, fractionnez vos tâches et déléguez ce qui peut l’être.